Petit feed back atelier Cabernet-Franc, Cabernet-Sauvignon & Merlot

5ème atelier du cycle « 21 cépages sous la loupe & entrainement à la dégustation à l’aveugle ».

Trois objectifs : découvrir ou re-découvrir les cépages les plus réputés, comprendre leur esthétique afin de mieux les identifier lors de dégustation à l’aveugle et enfin tout simplement découvrir de belles bouteilles !

12 vins en dégustation comparative, dont deux séries « à découvert » et deux séries « l’aveugle ».

Voici donc les fameux « cépages bordelais » : Cabernet-Franc, Cabernet-Sauvignon et Merlot. A noter que les deux derniers sont des descendants du Cabernet-Franc : croisement de Cabernet-Franc et de Sauvignon et croisement de Cabernet-Franc et de la Magdeleine Noire des Charentes ..

Cabernet-Franc : des trois cépages principaux rouges de Bordeaux, si le cépage Merlot est un charmeur, souvent bien portant et un peu libertin et si le Cabernet Sauvignon est un seigneur aux muscles saillants et au caractère parfois austère, le Cabernet Franc est un troubadour d’origine paysanne. Facétieux et inconditionnellement terrien. Peu de cépages expriment aussi nettement la fraicheur du végétal et le grain de la terre. Le fruit, plutôt tonique, acidulé, vivifiant, est toujours présent mais pas toujours aussi nettement que dans les autres cépages. Après quelques années, l’animal sort du bois et ajoute ses notes de cuir. Excellent potentiel de Garde dans certaines appellations comme Chinon, Bourgueil, Saumur-Champigny, ..

Cabernet-Sauvignon : probablement le cépage rouge le plus planté au monde ! Il donne des vins aromatiques et structurés, « Full Body ». Très souvent assemblé à d’autres cépages comme le Merlot, le Cabernet-Franc ou encore la Syrah, afin d’atténuer la dureté tannique naturelle du cépage et rendre les vins plus accessibles dans leur jeunesse. Il est assez facile à cultiver mais à tout de même besoin d’un climat un peu chaud pour arriver à bonne maturité et aussi afin de d’éliminer la pyrazine, composé aromatique qui donne au CS son coté végétal, poivron vert. C’est le cépage bordelais par excellence (avec le Merlot). Il peut donner dans le Médoc et dans les Graves des vins parmi les plus flamboyants du monde. A noter que le CS bénéficie particulièrement d’un élevage en barriques de chêne et qu’il a probablement contribué à normaliser ce type d’élevage.

Merlot : et voici le 2ème cépage rouge le plus planté au monde après le Cabernet-Sauvignon ! Il s’est fait connaître avec les vins de Bordeaux avant d’envahir une bonne partie de la planète viticole. De la couleur et de la rondeur pour atouts majeurs mais il est aussi capable de donner des vins avec de la finesse et un bon potentiel de garde (Pomerol, Saint-Emilion par ex). Il apporte un peu de « velouté » dans les assemblages bordelais mais il peut aussi donner des vins avec une certaine austérité comme dans le Tessin par ex. Un des vins les plus réputé et onéreux du monde est issu à 97% de Merlot : Petrus ! C’est également le cas d’un des vins italiens les plus réputés : Masseto  de la Tenuta dell’Ornellaia en Toscane.

Qu’est-il ressorti de cette atelier de dégustation ? Succinctement :

Les vins issus du Cabernet-Franc ont bien livré ce qu’on attendait d’eux : des notes plus ou moins végétales en filigrane, de la baies acidulée, de la fermeté en bouche, une consistance moyenne. Certainement le cépage le plus facile des trois à attraper à l’aveugle. Souvent une petite montée en intensité en fin de bouche. Kate Moss déguisée en Robin des bois. 

Un joli Saint-Nicolas de Bourgueil « Les Malgagnes » 2017 Yannick Amirault, croquant, cendré en fin de bouche, cuir, floral. Assez élancé, long. Encore un peu ferme, attendre 2 ou 3 ans..

Un Chinon Clos Guillot 2018 Bernard Baudry un peu plus volumineux et un peu plus tannique. Ferme. Un vin avec de la race mais qui se referme .. A revoir dans 4 ou 5 ans.

Un Valais Cabernet-Franc « Quintessence » 2019 Benoît Dorsaz dans lequel on retrouve bien l’austérité du cépage. Un nez assez pur, baies, frais, baies, sur un corps moyen. Bien, attendre un ou deux ans.

Histoire de voir à quoi ça ressemble avec quelques années : Touraine 1992 Patrick Corbineau. Nez de poivron vert, fumé, minéral, floral aussi. Bouche longiligne, droite, sans faiblesse, sylphidique. Fin, long. A boire. Clairement pour amateurs/trices de vins âgés.

En comparaison, les vins issus du Cabernet-Sauvignon montrent une plus grande ampleur dès l’attaque en bouche et plus de structure (tanins), avec un fruité plus mûr et des notes boisées plus présentes. Spartacus en costume 3 pièces. 

Toscana Cabernet 2016 I Mandorli
Un vin qui a bien plut lors de cette dégustation, baies mûres, épicé, ample à l’attaque, élancé en milieu de bouche avec des tanins présents et assez fins. A carafer. N.B. Un petit coté Trévallon au nez..

Stellenbosch Cabernet Sauvignon 2017 Thelema Mountain Vineyards
Boisé et fruits mûrs mais sans excès. Bouche structurée, sans lourdeur. Persistance correcte. Plutôt réussi. Clairement avec une viande rouge, une cuisine un peu relevée.

Pauillac 2015 Château Haut-Bages-Liberal Grand Cru Classé
Dominante de Cabernet-Sauvignon. Une couleur déjà quelques notes orangées (?). Un nez moyennement soutenu, avec une certaine subtilité, léger bois, baies, épices. Globalement austère et sans charme pour le moment (2015 + Pauillac ?). Certainement à attendre mais la robe déjà un peu évoluée de cette bouteille laisse un peu perplexe.

Mendoza Cabernet Sauvignon «Estrella» 1994 Weinert
Certainement un des plus grands vins d’Amérique latine. Bon, un peu une erreur de débutant de l’avoir ouvert le matin en même temps que les autres vins plus jeunes car cela l’a manifestement fatigué. À l’ouverture : robe très évoluée d’un vin totalement à maturité. Fruité bien mûr, figue et assez peu animal pour un vin de cet âge. Superbe texture, typique des vins issus de vignes « franches de pied ». Intense. S’assèche un peu en finale. À boire mais toujours super. Quelques heures plus tard le vin avait perdu un peu de sa superbe. Zut !

Dans une des scènes cultes du film Sideways (2005), l’un des protagoniste, passionné de vin, de ce road movie à travers le vignoble de la Napa Valley, s’écrie « I am not drinking any F****** Merlot ! ».

C’est que le 2ème cépage rouge de cuve le plus planté au monde ne fait pas l’unanimité chez les passionné.e.s. En cause une certaine rondeur jugée un peu trop aguicheuse, pour ne pas dire vulgaire. C’est parfois le cas mais lorsque le Merlot est issu de beaux terroirs et « travaillé » avec talent, cette fameuse rondeur n’est plus si évidente.

Dans cet atelier de dégustation, c’est d’ailleurs le cépage qui a été le plus compliqué à « attraper » à l’aveugle. Il y avait effectivement un peu plus de rondeur à l’attaque que les deux autres cépages, moins de structure que dans le CS et un peu plus d’épaisseur que dans le CF. Cependant, le Merlot s’est montré très caméléon. 

Genève Merlot 2019 Jean-Pierre Pellegrin, boisé noble, cerise, touche de miel. Attaque sur une matière charnue qui se resserre en finale. Une fin de bouche avec l’acidité de jeunesse et la fraîcheur du terroir genevois. Plutôt joli, à attendre.

Stellenbosch Merlot Reserve 2018 Thelema Mountain Vineyards
Couleur un peu évoluée, un nez un rien végétal. Une attaque ronde, un corps musclé, sans gras .. Assez ample. Fin de bouche sur un tanins un peu sec. Globalement pas mal du tout, à boire cependant.

Ticino « Terraferma » 2018 Christian Zündel, joli fruité frais, cassis. Bouche « pure », fraiche. Un coté digeste. On sent le « végétal » bien présent dans le paysage du Tessin. Demi-corps, finale ferme. Attendre.

Mendoza Merlot 2011 Weinert, couleur orangée, assez animal au nez, écurie, attaque charnue, milieu de bouche dense, persistance moyenne. Un peu en fin de course, à boire maintenant, avec du gibier ..

Le beau Merlot de la dégustation était probablement le Pomerol 2016 Gombaude Guillot. Avec une ampleur digne du Cabernet Sauvignon, une belle finesse tannique et de la longueur. Un vin en pleine forme et qui devrait bien évoluer sur les 10 prochaines années. Difficile à trouver à l’aveugle ! Autour des CHF 60,00, c’est une affaire selon les standards bordelais.

 

A noter que ces commentaires de dégustation ne sont que le reflet d’une photographie instantanée, avec une certaine humeur, une certaine approche, une certaine circonstance et avec les ondes co(s)miques du moment :-) et ne sauraient exprimer toute la réalité de chaque vin.

BC