Petit feed-Back atelier Gamay, Pinot Noir & Mondeuse

4ème atelier du cycle « 21 cépages sous la loupe & entrainement à la dégustation à l’aveugle ».

Trois objectifs : découvrir ou re-découvrir les cépages les plus réputés, comprendre leur esthétique afin de mieux les identifier lors de dégustation à l’aveugle et enfin tout simplement découvrir de belles bouteilles !

12 vins en dégustation comparative, dont deux séries « à découvert » et deux séries « l’aveugle ».

Nous voici donc en présence de trois cépages originaires du même grand secteur, c’est à dire plus ou moins du centre-est de la France : Gamay et Pinot Noir originaires de Bourgogne et Mondeuse, native de Savoie.

Ainsi, les vins issus de ce grand secteur sont plus ou moins sous l’influence d’un climat continental et donne donc des vins avec un petit air de famille : une certaine fraicheur, un fruit souvent plus acidulé que confit. Des vins globalement légers à demi-puissants.

D’où parfois de la difficulté à ne pas les confondre dans une dégustation à l’aveugle. Surtout si on rajoute la Syrah de la vallée du Rhône nord, dont l’esthétique n’est pas très éloignée, certaines années, de la Mondeuse ou du Gamay.

Les différences entre ces 3 cépages ? Succinctement :

La Mondeuse a généralement une couleur moyennement soutenue, des arômes épicés, de baies, de cuir et surtout une tannicité bien plus marquée que le Gamay et le Pinot Noir, tout étant assez « mince » en milieu de bouche, ceci certainement dû au fait que ce cépage ne donne pas un degré d’alcool très élevé. Les tanins sont aussi un peu plus rustiques.

Le Gamay a une couleur légère à moyennement soutenue et est souvent marqué par la fraise et la framboise ! Il peut aussi se montrer épicé, floral et minéral. Des vins souvent charnus à l’attaque et assez fluide en milieu de bouche mais sans le coté un peu maigre de la Mondeuse. Les tanins sont peu marqués en général, sauf dans certains crus du Beaujolais comme Moulin-à-Vent ou Julienas.

 Le Pinot Noir a souvent une couleur plutôt légère, des arômes de baies  , cassis, cerise et des notes un peu plus boisées (certainement parce que c’est un cépage souvent élevé en barriques). Il se distingue en bouche par un supplément d’ampleur et de persistance aromatique. Un « velouté » qui commence à l’attaque et se poursuit tout du long. Les tanins sont un peu plus marqués que dans le Gamay et ils sont aussi plus « nobles », moins accrocheurs.

La dégustation

Genève Mondeuse 2019 Damien Mermoud
Moyennement aromatique, cerise, mûre, cuir, cumin, touche minérale. Assez fluide, une certaine légèreté avec une petite austérité tannique en fin de bouche. Agréable, à servir légèrement frais avec un peu de cochonnaille ou une potée.

Gamay de la Vallée du Doux « Combeaux Massardières » 2019 Guillaumes Gilles
Fraise, framboise, prune, touche de champignons frais. Jolie attaque charnue, ronde, frais, peu tannique, légèrement chaleureux en fin de bouche, réglisse, persistance moyenne. Un vin déjà accessible qui donne envie d’une volaille rôtie avec une petite purée maison..

Givry 1er Cru « Servoisine » 2016 domaine Masse
Plus intense aromatiquement, boisé assez noble, minéral, baies. Attaque un peu plus ample que les deux vins précédents, tanins fins, peu marqués. Jolie longueur minérale, épicée, baies. Un vin qui tient son 
rang. Viandes blanches, risotto au safran et langoustines, ..

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Vin de Savoie « Coteau de la Mort » 2017 domaine des Côtes Rousses
Musc, floral, jasmin, cola ? Tannique, austère. Un peu plus de chair aurait été bienvenu.

Brouilly 2018 Alex Foillard
Fraise, charnu, du volume, tanins assez fins, serrés. Jolie quille.

Baden Pinot Noir Trocken 2016 Shelter Winery
Un peu de réduction, léger végétal. Le nez est moyennement avenant. La bouche est plus agréable avec de la consistance sur une trame acidulée. Assez long. Manque un peu de définition mais joli tout de même.

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Gamay Vieilles vignes 2018 Christophe Abbet
Fraise confite, réglisse, graphite, poivre. Structuré, un peu chaleureux en finale, sur une persistance moyenne. Si on veut « promener » quelqu’un à l’aveugle, c’est le vin idéal !

Vin de Savoie « Marie-Clotilde » 2018 Adrien Berlioz
Joli nez, baies, acidulé, fin. Structuré mais plus mince que le gamay précédent. Un ensemble cependant assez élégant.

Graubünden «Eichholz» 2018 Irene Grünenfelder
Beau nez, baies, minéral, boisé noble. Ample, très beaux tanins de Pinot Noir racé. Encore jeune. Certainement une des plus belles cuvées de Pinot Noir des Grisons.

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Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Roncières 2017 domaine Robert Chevillon
Floral, éthéré, minéral. Attaque charnue et rapidement : du caillou ! Longiligne. Main de fer dans un gant de velours. Long. A attendre encore 2 ou 3 ans.

Vin de Savoie Arbin Mondeuse « Tout un monde » 2015
Probablement la plus belle Mondeuse de la dégustation, au nez discret mais fin, mystérieux (2015 ?). tannique mais moins « mince » que les précédentes. Tanins un poil rustiques en finale. A carafer et dégainer avec quelques médaillons de chevreuil et une sauce vin rouge/Réglisse/poivre bien réduite.

Moulin à Vent « Clos de Rochegrès » 2015 Château des Jacques
Nez encore discret, herbes aromatiques, romarin, minéral. Du « Zan » en bouche, droit, minéral, hors clichés « bojo », on suce de la pierre ! Impressionnant de mystère. Un vin de garde à attendre encore 4-5 ans.

Au final, 3 cépages assez facile à distinguer entre eux à l’aveugle :

Mondeuse : tannique, un peu mince ou disons, moyennement consistant..Sensation de "creux" en milieu de bouche.
Gamay : fraise, charnu, peu tannique. Un "corps" qui s'amincit un peu en fin de bouche.
Pinot Noir : baies, boisé noble, ample, long, tanins fins. Prend de l'ampleur en fin de bouche. 

Le Gamay peut cependant se révéler surprenant, comme ce Moulin-à-vent plutôt distingué ou le Gamay de Christophe Abbet, un peu confit et structuré.

BC