Petit feed-back atelier Malbec, Tannat & Tempranillo

6ème atelier du cycle « 21 cépages sous la loupe & entrainement à la dégustation à l’aveugle ».



Trois objectifs : découvrir ou re-découvrir les cépages les plus réputés, comprendre leur esthétique afin de mieux les identifier lors de dégustation à l’aveugle et enfin tout simplement découvrir de belles bouteilles !



12 vins en dégustation comparative, dont deux séries « à découvert » et deux séries « l’aveugle ».

Voici un petit résumé très succinct. N.B. Les commentaires de dégustation sont de mémoire (pas de notes prises sur le moment, top occupé à échanger avec les participant.e.s) et ne sont donc pas très détaillés ni précis.

Voici 3 cépages qui ont au moins trois choses en commun :

- Un même grand secteur géographique, si on considère que la Rioja (Tempranillo) n’est finalement pas si loin du sud-ouest de la France (Tannat et Malbec).
- Une image de cépages « à la papa ». Les fameux vins du dimanche que l’on remonte de la cave après 15 ans de vieillissement.
- Une nouvelle génération de vignerons qui souhaite faire autre chose que des vins à la papa …

Le Tempranillo, originaire de la Rioja, est le cépage rouge espagnol emblématique. Il est réputé donner des vins peu acides, en rondeur, avec des notes boisées, vanillées, et un fruité rouge.
Le hic, c’est que le coté rond et boisé est surtout amené « traditionnellement » par un élevage prolongé en barriques ou en foudres de chêne américain pour les Reserva et Gran Reserva.

Le Marques de Riscal Reserva 2016 en est un bon exemple avec ses notes de bois et de fraise avec une touche épicée. La bouche est effectivement ronde à l’attaque. Par contre la finale s’étriqiue et part un peu du coté obscur de la sciure et assèche la bouche d’une façon peu plaisante.

Totalement hors clichés de rondeur et de boisé avec ce Ribera del Duero 2016 Alonso del Yerro. Un vin avec de la vigueur, la puissance des vins de la Ribera Del Duero mais aussi de la fraîcheur et une tannicité assez racée en finale.

Deux jolis Rioja à maturité et bien dans l’esthétique attendue du Tempranillo (assez rond, en demi-puissance et moyennement tannique) de la Rioja mais sans la grossièreté d’un boisé trop appuyé : 
Rioja Reserva 2010 Remulluri et Rioja « Gran Reserva 904 » 2010 bodega La Rioja Alta (avec un supplément d’ampleur).

Le Tannat : tannique ! Peut être le cépage français le plus riche en anthocyanes. Il est la plupart du temps assemblé avec du Cabernet-Sauvignon ou du Cabernet-Franc ou encore du Fer Servadou, afin de le civiliser un peu. C’est le cépage phare du Madiran, appellation qui eût un temps son heure de gloire, avec des vins puissants, charpentés et surtout de garde.
C’est le bon copain de la cuisine traditionnelle du Sud-Ouest : confit de canard, cassoulet, …
La tendance actuelle étant plutôt aux vins ronds et faciles d’accès, le Madiran a moins la côte, bien que les vignerons élaborent des versions de plus en plus tournées vers la souplesse et le fruit. C’est aussi le cépage adopté en Uruguay : 60 % de la production mondiale de Tannat !

Les vins dégustés lors de cet atelier se sont chargés de bien maintenir leur réputation de vins parmi les plus tanniques de l’hexagone.

Irouleguy Tradition 2019 domaine Arretxea, un beau fruit mûr (baies), notes légèrement animales et une bouche encore bien ferme, tannique. Attendre.

Irouleguy « Cuvée Haitza » 2016 domaine Arretxea, joli vin en devenir, tannique mais plus ample et plus élégant que le précédent. Un vin avec une certaine race et qui devrait donner toute sa mesure dans 7 - 8 ans.

Madiran « Vieilles Vignes » 2017 domaine Labranche-Laffont, nez assez séduisant de baies, cacao, léger vanillé, attaque assez aimable finale encore un peu ferme mais avec de la race. Idéalement attendre un peu mais déjà un joli vin de caractère pour une prix autour de 20 euros.

Madiran «Les Préphylloxériques» 2011 domaine Labranche-Laffont, comme souvent dans les vins issus de vignes non greffées il y a une trame plus serrée, un grain plus poli. Un beau vin dans le style, avec des tanins marqués qui ne manquent cependant pas de finesse.

Globalement un peu plus de « charnu » dans les deux Madiran que dans les deux Irouleguy, qui se présentaient tout de même avec une certaine froideur.

Le Malbec est originaire du sud-ouest de la France mais s’est fait connaitre sur la scène internationale grâce à l’Argentine qui l’a adopté vers 1850 et l’a fièrement affiché en grand sur les étiquettes, alors que dans son pays d’origine la tradition est de mettre le terroir en avant et non le cépage. On propose du Cahors, pas du Malbec .. Le résultat est que quasiment personne ne sait que le Malbec est né du coté de Cahors !

A Cahors, le Malbec revêt en général son costume cintré à l’étoffe un peu rêche quand tout droit sorti de l’usine. Il faudra un peu de temps pour l’adoucir, l’assouplir, le patiner. Tout de même moins tannique que le Tannat et légèrement plus charnu, avec des arômes un peu plus frais, comme la menthe qui revient souvent. Notes de cacao également, des fruits noirs, prune, réglisse, violette aussi.

Cahors Au Cerisier 2019, domaine Combel la Serre, une version assez accessible du Cahors, avec un tanin marqué mais sans sécheresse, un vin en demi-puissance, du fruit, une longueur correcte. Devrait être fort sympathique dans 2 ans avec le magret et ses petites pommes de terre sautées à la graisse d’oie.

Cahors les laquets 2016, domaine de Cosse-Maisonneuve, sérieux, droit, tonique, un peu sévère, genre prof de math à la quarantaine sportive. Boit pas, fume pas, dance pas. Pas le vin idéal pour la Saint-Valentin mais une daube de boeuf à la viande bien confite et à la sauce bien réduite devrait amadouer le vieux garçon.

En Argentine et à Mendoza en particulier, le Malbec se révèle plus charnu, plus gourmand, moins tannique, plus velouté, tout en étant relativement « full body », avec un fruité plutôt mûr, confit.
Les deux vins d’Argentine dégustés sont un peu atypiques mais cadrent globalement avec cette esthétique.

Mendoza Luja de Cuyo Malbec 2012, Weinert. Un domaine qui fait des vins bâtis pour la garde, « à l’ancienne », avec des élevage longs en foudres. Celui-ci est à maturité avec encore un peu de réserve. Plutôt souple avec des arômes tertiaires de sous-bois, champignons, cuir, fruits bien mûrs, vieille cave … Sans lourdeur et avec une bonne longueur. 



Mendoza Valle de Uco «Gualtallary» 2018, Altos las Hormigas. Un vin intense, expressif, assez concentré, juteux et ample à l’attaque et inhabituellement élancé pour un Malbec d’Argentine. Tanins moyennement marqués, fins. Une belle persistance, fruits noirs, minéralisé, touche épicée. Tango dans le palais !
Un peu le « hit » de la dégustation.

En résumé, si le Tannat a une personnalité bien affirmée et assez identifiable, le Malbec et le Tempranillo sont plus versatiles selon leur provenance et l’approche choisie par le domaine.

Il serait intéressant de faire un atelier Tempranillo, Mencia & Grenache, afin de cerner un peu mieux les caractéristiques de ces 3 cépages espagnols.

Un atelier Cahors & Madiran serait aussi intéressant, avec des vins issus des différents terroirs de chacune de ces deux appellations.

On est pas prêt de s’ennuyer !

BC