Petit feed-back atelier Syrah, Grenache & Mourvèdre

3ème atelier du cycle « 21 cépages sous la loupe & entrainement à la dégustation à l’aveugle ».


Trois objectifs : découvrir ou re-découvrir les cépages les plus réputés, comprendre leur esthétique afin de mieux les identifier lors de dégustation à l’aveugle et enfin tout simplement découvrir de belles bouteilles !


12 vins en dégustation comparative, dont deux séries « à découvert » et deux séries « l’aveugle ».



Nous voici donc en présence de trois grands cépages du « Sud » : grenache noir et mourvèdre sont originaires d’Espagne et ont conquis le sud de la France au moyen-âge, et la syrah est née en Ardèche, croisement naturel entre la mondeuse blanche et le dureza. 


Les différences entre ces 3 cépages ? Succinctement :

Le grenache a généralement une couleur moyennement soutenue et tire sur le rubis, alors que la syrah, plutôt pourpre, et le mourvèdre, dans les grenats, ont des robes plutôt intenses.
Le mourvèdre est clairement le plus tannique des trois. La syrah l’est moyennement et le grenache a des tanins plutôt souples. Bien entendu tout cela va varier un peu selon les terroirs.
Le Grenache donne généralement des vins avec un alcool dominant.
Coté arômes, la syrah est généralement épicée, poivrée, avec des notes plus ou moins animales. Le grenache plutôt fruits rouges, fraise écrasée, épicé et le mourvèdre épicé, garrigue, fruits noirs, cuir.

N.B. des notes minérales et florales viendront s’ajouter lorsque le vin est issu d’un beau terroir comme Châteauneuf-du-Pape, Bandol ou Côte Rôtie.

La dégustation
Un des charmes du vin : sa versatilité ! On dit que le vin est « vivant » car ce n’est pas une matière figée, comme un soda ou une Heineken, par ex.
Non seulement le vin évolue au fil du temps, avec une jeunesse, une maturité et un déclin mais il peut aussi avoir ses humeurs d’une semaine à l’autre ! Quelqu’un a dit « Il n’y a pas de grands vins, seulement de grandes bouteilles ».
Tout ça pour dire que lors de cet atelier de dégustation, certains vins n’étaient pas tout à fait à leur meilleur niveau. Ciel couvert, pluie, grisaille, ..

C’était le cas de la cuvée Valinières (dominante de mourvèdre) 2016 du domaine Barral, excellente bouteille il y a 15 jours mais totalement sans harmonie lors de cette dégustation de Grenache, Mourvèdre, Syrah. Un nez entre le pâté de foie et le vieux pain sec, une bouche avec les mêmes arômes et sans chair. Brrrr… Nous avons tout de même retenu, faisant preuve de bonne volonté, le coté bien tannique du cépage Mourvèdre..

La cuvée Pitchot 2018 (Grenache) du réputé domaine Vaisse dans le Languedoc, dégustée pour la première fois, était une bien petite chose, discrète, mince et faiblarde en fin de bouche. A regoûter !

Moins catastrophique mais cependant bien loin de son vrai niveau, la cuvée Soldaat (grenache) 2018 d’Eben Sadie (Afrique du Sud) était un poil étriquée et n’avait pas l’ampleur habituelle. La couleur plutôt légère et le nez de fraise écrasée étaient par contre un cas d’école. Un vin que certain-e-s comparent avec les fameux grenaches du Château des Tours (Vacqueyras).

La Syrah 2018 du domaine Simon Maye (Valais) illustrait bien le coté animal souvent présent dans le cépage Syrah. Le bouc a été évoqué.. Ceci-dit, après pas mal d’aération, des notes minérales et un peu épicées sont apparues. La bouche était bien dominée par une acidité assez tranchante pour un vin rouge, même en situation de climat de montagne. Austère et taiseux comme un montagnard enfermé seul dans sa cabane depuis 6 mois ?

Le Bandol « Collection » (mourvèdre) 2006 du domaine Sainte Anne présentait la couleur brune et les arômes évolués d’un vin de 15 ans à maturité, avec toutefois une masse tannique toujours bien imposante. Pas dénué de finesse pour autant mais un sourire aurait été bienvenu. A table il faudra sortir l’artillerie lourde et ne pas minauder avec un poke bowl. Un lièvre à la royale ou une souris d’agneau confite.

Il y avait bien heureusement des vins en bonne forme :

La cuvée « Aphyllante » (mourvèdre) 2018 du domaine Vaisse : assez complexe, florale, épicée, garrigue, assez ample, gourmande, avec des tanins marqués mais très bien intégrés. Joli vin.

Le Bandol 2016 domaine de Terrebrune est encore un peu dans sa gangue, compact mais sans lourdeur. Quelques touches florales en minérales lui donnent une certaine élégance. Beau vin en devenir. 

Le Châteauneuf-du-Pape (grenache majoritaire) 2016 Clos du Caillou : bien typé Grenache avec un couleur moyennement soutenue, des arômes de fruits mûrs, un peu de minéralité et d’épices à l’aération. La chaleur et puissance typiques du grenache. Longueur correcte. Une bonne introduction aux vins de l’appellation.

Le Costières de Nîmes « Bien Veillant » 2019 (Grenache) dans un registre plus simple mais aussi bien typé du cépage avec son fruit rouge compoté( cerise?) et une bouche corsée, chaleureuse. Pas une longue persistance mais un bon rapport qualité/prix si on aime les vins du « sud ».

Le Châteauneuf-du-Pape « Quartz » du Clos du Caillou 2016 nous fait entrer dans l’univers des grands vins de la région. C’est encore bien jeune mais l’intensité, l’ampleur et la longueur sont là. Un vin qui en impose.

Le Cornas (Syrah) 2018 domaine de Lorient est bien représentatif de son appellation avec une structure tannique marquée et de la générosité, mais il dénote aussi légèrement par sa fraîcheur et une certaine délicatesse dans le toucher des tanins. Une Cornas aérien, en quelque sorte. Touche de tapenade aussi bien typée des vins de la région. Tendance nature.



Le Cornas 2017 de Guillaume Gilles est une belle bête. Ample, concentré, puissant, persistant, minéral, fruits noirs, touche épicée. Tanins marqués mais velours. Belle bouteille.

Le Saint-Joseph 2017 du domaine Pierre Gonon semble rentrer dans une phase de fermeture. Plus austère qu’il y a une année. Une syrah en finesse, presque ciselée. Quand le vin va s’ouvrir à nouveau, peut-être d’ici 3 ou 4 ans, ce sera très classe.

La Syrah Cape Town Coast 2017 Lismore est bien balancée, précise, concentrée, ouverte. Olives noires, fruits noirs, épices. Un beau vin d'Afrique du sud à ouvrir idéalement dans 2 ou 3 ans, en automne/hiver, avec une cuisine de saison et un peu épicée.

A noter que le fameux côté poivré de la Syrah n'était curieusement pas vraiment au rdv dans les vins ce soir là. 
Si distinguer à l'aveugle le grenache noir de la syrah semble a priori assez facile, c'est beaucoup moins le cas entre syrah et mourvèdre, si ce n'est le que le mourvèdre a un tanin plus marqué. 

BC