Rapide feed back atelier de dégustation Cornalin & Humagne Rouge

A l’occasion de cet atelier de dégustation nous avons pu mieux faire connaissance avec ces deux cépages valaisans que sont le Cornalin et l’Humagne Rouge.

Plus précisément, le Cornalin est un cépage originaire de la Vallée d’Aoste, croisement entre le Petit Rouge d’Aoste et le Mayolet.
L’Humagne Rouge est lui un descendant du Cornalin et d’un autre cépage aujourd’hui disparu. Pour la petite histoire, L’Humagne Rouge est en fait le Cornalin d’Aoste et n’a rien à voir avec l’Humagne Blanc du Valais et le Cornalin du Valais a été baptisé ainsi après que le celui du Val d’Aoste a finalement disparu. Vous suivez ? :-) Aujourd’hui, certains vignerons valaisans rebaptisent le Cornalin « Rouge du Pays ».

Ces deux cépages ont bien failli disparaitre et encore de nos jours la production est finalement assez faible avec 160 ha de vignes pour le Cornalin et 140 pour l’Humagne Rouge.

L’Humagne Rouge donne des vins avec en théorie peu d’acidité, une couleur légère, des notes un peu végétales (lierre), baie, venaison, peu de tanins et globalement des vins en demi-puissance, avec un certain soyeux.

Le Cornalin donne des vins plus structurés et plus concentrés avec une couleur soutenue et des notes de cerise plus ou moins marquées.
Dans les deux cas, des vins très identitaires, à condition que la technique à la cave ne prenne pas trop le dessus. Nous avons pu constater que l’élevage en barriques a tendance à lisser les caractères de ces deux cépages avec pour résultat des vins plus civilisés et séducteurs, alors qu’un élevage en cuve inox donne des vins un peu plus sauvages… 
Il apparait aussi que les vins issus de levures indigènes semblent un peu plus complexes, plus fins, plus vivants. Ceux issus de levures sélectionnées semblent un rien plus simplets, plus communs. La fermentation pré-fermentaire à froid semble également donner une tonalité plus fruitée aux vins.
Ainsi, selon les préférences, l’amateur sera séduit plutôt par une approche qui va globalement avoir pour but de domestiquer ces cépages avec une esthétique un peu plus internationale ou plutôt par une approche qui visera à laisser leur identité s’exprimer, tout en essayant de leur donner de la stature.

Sans plus attendre, les vins préférés de la dégustation :

- Avec une certaine unanimité des participants à cette dégustation, l’Humagne Rouge 2022 de Valentina Andrei. Un vin élégant, floral, épicé, petit fruit, séducteur ! Une attaque ample et juteuse, un corps moyen, comme la plupart des HM Rouges dégustées, un tanin assez fin, de la longueur. Quel jus ! 16,5/20 A noter que les vignes sont situées à Leytron, un peu le terroir d’origine en Valais pour ce cépage.

- Aussi assez unanimement l’Humagne Rouge 2019 de la Cave des Amandiers. Complexe, minéral, ouvert, un rien moins subtil que celui de Valentina Andrei mais une belle harmonie, un tanin fin et de la longueur. 16/20

- L’Humagne Rouge 2019 de Christophe Abbet n’a pas fait l’unanimité, note végétale qui rappelle un peu un Sauvignon Blanc, mine de crayon, note marine, attaque assez ample, trame fine, bonne longueur, tanins poudreux, petite amertume en finale. Identitaire, racé ? 15,5/20

- Cornalin 2019 domaine de Beudon, une bonne intensité aromatique, cerise, ardoise, quelque chose dans le registre des herbes aromatiques, un brin de réduction aussi mais le tout est assez délicat. En bouche délié, profond, belle qualité de tanin. Le fruit flirte avec la roche. Un vin « habité », voire paradoxal (sexy montagnard ?) 18/20 Pas d’unanimité avec ce vin très identitaire.

- Cornalin 2019 Christophe Abbet, à l’ouverture du pur jus de cerise !, une peu de réduction par la suite. Belle attaque assez ample, matière assez fine, dynamique, acidulée en finale, assez long. Sur le versant un peu rustique du cépage mais avec du peps et de la buvabilité. 17/20 Assemblée pas unanime ici non plus.

- Cornalin « Carmin des Pierres » 2020 Claudy Clavien. Un vin qui a nettement gagné à l’oxygénation, un nez intense, boisé noble, cerise, chocolat, une complexité moyenne, attaque moyennement soutenue sur des notes boisées, évolution sur une matière assez concentrée, extraite, persistance correcte. Un vin ambitieux qui a fait une certaine unanimité 15,5/20 Aucun doute qu’il saura enchanter le plus grand nombre d’ici deux ou trois ans.

- Cornalin 2019 Denis Mercier, couleur soutenue, violacée, nez de cerise, boisé noble, rappel un peu un nez de whisky élevé en fût ex-bourbon, structuré, sérieux (calcaire ?). Le toucher de bouche rappelle un peu celui d’un pinot noir de Bougogne, Côte de Nuits. Moderne et maitrisé. 17/20 Un vin qui se présentait mieux il y a une année et qui semble se refermer. 

Les deux premiers vins de la dégustation se sont montrés tout à fait avenants :

- Humagne Rouge de Sierre 2022 Maurice Zufferey, couleur légère, violine, fruit rouge, une certaine simplicité, attaque ronde, sur le fruit mûr, acidité basse, note de mûre, un rien vineux, harmonieux, finale légèrement acidulée. 14/20

- Rouge de Pays 2022 Maurice Zufferey, couleur soutenue, violacée, minéral, épicé, plus de structure que l’Humagne, concentration moyenne, tanins un peu rustiques, longueur moyenne. Simple, bien. 14/20

Quelques bouteilles n’étaient pas au mieux de leur forme ou disons un peu décevantes en fonction des attentes :

- Rouge du Pays 2022 Valentina Andrei, globalement une belle quille mais une odeur de réduction, voire de Brett (levure Brettanomyces) perturbe un peu la dégustation. Sinon, note d’ardoise, cerise, attaque soutenue, charnue, une bouche « large » concentration moyenne, longueur moyenne. Un peu court peut-être. A re-gouter. 15/20

- Humagne Rouge « Quintessence » 2020 Benoit Dorsaz, note boisée noble, fruit rouge, simple. Concentration moyenne en bouche, évolution rapide entre l’attaque et la fin de bouche, un peu faible en finale, une sensation de dilution. A re-gouter 13,5/20

- Enfin, l’Humagne Rouge 2019 du domaine de Beudon n’a pas du tout fait l’unanimité avec cette note de réduction un peu dominante mais accompagnée de mine de crayon, fraise. En bouche, le vin se révèle différent de tous les autres, plus élancé, traçant, du jus, de la fraicheur. Vent frais et roche, un pur montagnard ! 17/20 malgré ou grâce à une esthétique inhabituelle.

N.B. Les notes sont personnelles et ne reflètent rien de plus qu’un ressenti le jour de la dégustation et ne sauraient certainement pas définir la qualité intrinsèque de ces vins, dont la plupart sont toujours en phase de développement.

BC