Rapide feed-back atelier de dégustation Chenin de Loire et Chardonnay de Bourgogne

L'idée de l'atelier était de mieux comprendre les caractéristiques de ces deux grands cépages facilement confondables en dégustation à l'aveugle ! 

En effet, lorsque ces deux cépages viennent de leur fief, la Bourgogne pour le Chardonnay et l'Anjou et Touraine pour le Chenin, ils déploient une ampleur, une finesse et une acidité similaires et naviguent autour de la même famille de fruits blancs et offrent souvent un coté floral et de la minéralité .. 

En fait, dans les belles appellations, il n'est plus vraiment question de Chenin ou de Chardonnay mais plutôt d'expressions de lieux. Un Chablis n'est pas tout à fait la même chose qu'un Meursault et un Vouvray a finalement peu à voir avec Savennières .. 

De cet atelier il ressort que l'aromatique est un bon guide pour distinguer le Chardonnay de Bourgogne avec ses notes récurrentes de brioché/toasté/vanille, beurre, amandes, pomme .. du Chenin de Loire qui joue plutôt dans le registre fruits blancs (coing et pomme) miel, épices, fleurs d'acacias, .. 
En bouche, un peu plus de chair, de concentration en milieu de bouche pour le Chenin et une matière à peine plus effilée dans le Chardonnay. Egalement une tannicité présente lorsque le Chenin vient plutôt de "l'Anjou Noir" et de ses sols de schiste (Anjou, Savennières) et bcp moins lorsqu'il vient de "l'Anjou blanc" et de ses sols à dominante de calcaire et de craie (Saumur, Touraine, ..). 

Les vins dégustés (avec un note personnelle) :

Vezelay Galerne 2019 Montanet-Thoden pour la mise en bouche : pomme cuite, un peu oxydatif, direct, simple, un peu court. 13/20
La Lune 2021 Ferme de la Sansonnière : bien sûr un peu hermétique à ce stade, coing, floral à l'aération, discret, un peu de gaz à l'attaque, peau de pomme, élancé, matière légère. 14,5/20 Saint-Jacques/agrumes/cardamome
Rully Maizières 2020 Dureuil-Janthial : fraicheur, vivacité, fin, bonne longueur, un joli "Villages", simple. 14,5 Jambon persillé 
Montlouis-sur-Loire « Les Epinays »2019 La Grange Tiphaine : floral, acacias, une bonne consistance, acidulé, délicat. 15,5/20 Quenelle de brochet/crème acidulée/pointe de Curry 
Saint-Romain « Sous le Château » 2019 Morey-Blanc : une expression archétype du Chardonnay de la Côte de Beaune, pain, vanille, minéral, fin équilibré avec une belle fraicheur typique de l'AOC Saint-Romain. 15,5/20 Lotte/crème/pamplemousse 
Vin de France (Vouvray) « Baudoin » 2019 François Chidaine : Vouvray est en face de l'AOC Montlouis et donne généralement des vins avec un peu plus de puissance et c'est tout à fait le cas ici avec des notes de coing et de miel, une bouche large, dense et acidulée en finale. 16,5/20 porc croustillant aigre/doux
Chablis 1er Cru « Mont du Milieu » 2018 JP et Benoit Droin : un nez très typé, minéral, silex, miel, fleurs blanches, ample, fin, dense et long. 16,5/20 plateau de fruits de mer et crustacés ! 
Savennières « Bellevue » 2019 Patrick Baudoin : un nez d'ardoise, épicé, fruits mûrs, coing en bouche, structuré, monte en puissance en bouche. Plus dans la structure que dans la finesse mais beau vin. 16/20 Blanquette de veau/estragon 
Chassagne-Montrachet 1er Cru « Vide-Bourse » 2016 Thomas Morey : un cru confidentiel dans le prolongement du Batard-Montrachet. On touche ici à la quintessence du grand Chardonnay de Bourgogne. Minéral, caillouteux même, délicat, intense. Une puissante ballerine ! 18/20 Homard (ou crevettes Tigre)/jus de crustacé réduit/fève Tonka 
Meursault 1er Cru Charmes Dessus 2019 Buisson Charles : un des plus beaux Crus de Meursault qui se présente comme le Saint-Romain 2019 mais avec plus d'ampleur et de finesse. Tout en nuances, minéral, long. Très beau vin. 17/20 Turbotin/beurre salé/zest d'orange 
Coulée de Serrant 2019 Famille Joly : si le Chassagne-Montrachet évoquait une puissante ballerine alors ce vin serait plutôt la baffe d'un viking ! Puissant, fruits blancs mûrs, long. Une belle concentration en milieu de bouche, profond. Un seigneur ! Certes encore jeune mais moins impénétrable que prévu .. 17,5/20 Avec une pintade aux coings confits (recette à créer ?) cela devrait faire un malheur. 

A noter aussi que les Chenins de cette dégustation sont issus de domaine en biodynamie et/ou avec peu de sulfites ajoutés, tandis que les Chardonnays semblaient globalement un peu plus sulfités avec pour conséquence des fins de bouche un peu plus austères, un peu plus sèches. Très certainement qu'après quelques années en cave, ces vins auront perdu cette sécheresse. 

BC