Petit feed-Back atelier de dégustation Viognier, Roussanne et Sauvignon

7ème atelier du cycle « 21 cépages sous la loupe & entrainement à la dégustation à l’aveugle ».




Trois objectifs : découvrir ou re-découvrir les cépages les plus réputés, comprendre leur esthétique afin de mieux les identifier lors de dégustation à l’aveugle et enfin tout simplement découvrir de belles bouteilles !


12 vins en dégustation comparative, dont deux séries « à découvert » et deux séries « l’aveugle ».

Roussanne et viognier ont un bel air de famille, tandis que le sauvignon raconte une toute autre histoire.

En effet, la roussanne et le viognier sont issus du même secteur géographique : vallée du Rhône nord, Drôme provençale, et s’expriment au mieux dans ce secteur influencé par la même géologie et le même climat. A noter que la roussanne s’exprime aussi merveilleusement bien en Savoie, pas très loin, à Chignin-Bergeron.

Dans les grandes lignes, les deux cépages offrent des arômes d’abricot (en principe plutôt le viognier), pêche, de fruits exotiques, pomme cuite (plutôt la roussanne) et de fleurs.

La différence est un peu plus marquée en bouche. Il y a de la générosité, un alcool bien présent dans les deux, mais avec un supplément de consistance et de sveltesse dans la roussanne. Dit autrement, des vins plus en « largeur » pour le viognier et des vins plus en « longueur » coté roussanne. Peut-être aussi une certaine salinité dans la roussanne quand issue de terroirs granitiques.

On ne sait pas trop si le sauvignon est né dans le vignoble de la Loire, du coté de Sancerre et Pouilly-Fumé ou bien du coté de Bordeaux. Son analyse ADN le rapprocherait du chenin de Loire, mais également du trousseau et du savagnin du Jura.

Cépage qui donne des vins aromatiques et acidulés. Plutôt végétal, herbacé et exotique quand issu d’un terroir moyen et de rendements importants. Minéral, épicé, fruité mûr quand issu d’un grand terroir et de rendements raisonnables, comme on peut en trouver dans le vignoble du centre Loire : Sancerre et Pouilly-fumé, mais aussi à Menetou-Salon, Quincy et Reuilly.

Si le sauvignon est considéré comme un des cépages les plus faciles à identifier à l’aveugle, c’est principalement grâce à une molécule : 4-methyl -4-mercaptopentan-2one : le fameux bourgeon de cassis ou pipi de chat quand très prononcé.

Maintenant, tout cela concerne les caractéristiques de base ou expressions variétales de ces cépages. Lorsque le vin est issu d’un beau terroir et d’un travail artisanal et inspiré, alors ces expressions variétales s’effacent pour laisser place à plus de subtilité, de minéralité, d’énergie.
Voila bien ce qui rend difficile la dégustation « à l’aveugle ». Selon son lieu de naissance et son mode d’élaboration, un cépage s’exprimera de différentes façons.

Par exemple, dans les 4 sauvignons dégustés, seuls deux d’entre eux avait cette note aromatique de bourgeon de cassis :

(avec un essai de notation /20 histoire de se souvenir rapidement de l’appréciation des vins sur le moment).

Coteau de Lully Sauvignon Barrique Non Filtré 2017 domaine des Curiades, vin fort sympathique d’ailleurs, à point, avec aussi quelques notes de citron et de fumé. Attaque « bonbon » en rondeur. Finale généreuse avec un touche végétale. Persistance moyenne. Assez équilibré et avenant. 14,5

Sancerre blanc « Terroirs » 2020 domaine Sylvain Bailly, au bourgeon de cassis se rajoute une touche minérale. Assez fringuant avec une bonne longueur et la note végétale en vin de bouche. Un bon rapport qualité/prix dans un contexte brasserie/plateau de fruit de mer. 14,5

Les deux autres sauvignons n’avaient quasiment rien de la fameuse molécule 4-methyl -4-mercaptopentan-2one :

Pouilly-fumé « Aubaine » 2019 Jonathan Didier Pabiot, nez délicat, encore discret, mélange de fruits à noyaux et de fleurs avec touche caillouteuse, bouche svelte. En finesse et en devenir. 15,5

Sancerre « Monts Damnés » 2018 Gérard Boulay, nez encore discret, fruits mûrs, attaque soutenue, concentré, intense, une puissance contenue, long, notes de fumé, touche minérale. Petite tanicité. Noble. En devenir. Attendre quelques années ce grand vin de garde. 18

Coté viognier, ce n’était probablement pas un bon jour pour :

Vin suisse de pays « Iconique Viognier » 2019 Jean-Michel Novelle, abricot bien marqué, attaque douce, très en fruit. Evolution sur une matière un peu maigre et une finale courte un peu chaleureuse. A regoûter.

Plus d’harmonie avec :

Vin de Pays des Collines Rhodaniennes « Les Contours Deponcins » 2018 François Villard, un peu boisé à l’ouverture, nez encore globalement discret, assez concentré et suave à l’attaque, de la générosité, touche abricot/pêche en finale, boisée, longueur correcte. Bon rapport QP 14,5

Sans surprise, les deux Condrieu offrent plus de race et d’étoffe :

Condrieu « Les Grandes Chailllées » 2019 Stéphane Montez, nez encore discret, fruit, minéral, attaque assez soutenue, riche et large, avec un légère perte de puissance en fin de bouche. Finale minérale, saline et généreuse. Attendre encore environ 2 ans avant d’ouvrir. 16

Condrieu « Deponcins » 2018 François Villard, un peu de bois qui s’estompe après aération au profit de notes minérales plus fines, belle bouche serrée, minérale (on suce un peu le caillou là), fine amertume en finale, long. A carafer. 16,5/17

La roussanne, cépage finalement assez rare, a globalement conquis les participant-e-s :

Valais Roussanne 2020 Valentina Andrei, nez de fruits blancs tirant sur la pomme cuite, assez ample en bouche, fine amertume en finale et une longueur correcte. Simple et bien construit. 14

Chignin Bergeron « Albinum » 2019 Cellier des Crays (Adrian Berlioz), nez encore discret, minéral, attaque sur des arômes un peu oxydatifs, flirtant avec la pomme blette. Surprenant sans être désagréable. Bonne tenue en bouche. Équilibré avec une certaine fraicheur. 14

Saint-Péray 2019 domaine de Lorient, on retrouve la note de pomme cuite, voire caramélisée et une touche oxydative. Attaque moyennement soutenue, puis montée en puissance, en générosité. La fin de bouche est assez racée avec des notes salines et du relief. Encore un peu chaud en finale (jeunesse). Attendre 2 ou 3 ans. Un vin de gastronomie plus que d’apéro. On imagine un loup de mer en croute de sel, voire un suprême de pintade aux morilles dans quelques années. 16

Saint-Joseph blanc 2019 Dard & Ribo, nez discret, assez fin, attaque moyennement soutenue sur les fruits exotiques. Peut-être une petit manque de relief pour l’appellation et le positionnement tarifaire mais l'ensemble est plutôt plaisant, avec du fruit, de la rondeur et une longueur correcte. En résumé, un bon copain à l’apéro ou à table avec terrine de poissons, un risotto aux fruits de mer, .. 15,5

Chignin Bergeron « Le Grand Orgue » 2015 Louis Magnin, abricot, pêche, vanille, attaque sur les fruits exotiques (à nouveau !), puis bouche droite, équilibrée, concentrée, sensuelle et assez longue. 16,5

Comme toujours, ces commentaires ne sont que le reflet d’un moment de dégustation, dans certaines circonstances et ne sauraient évidemment définir ces vins dans l’absolu.



En résumé, les trois vins qui sortent du lot selon ces commentaires et notes personnelles :

Sancerre « Monts Damnés » 2018 Gérard Boulay - (18) le grand vin de garde.


Condrieu « Deponcins » 2018 François Villard - (16,5/17) le viognier transcendé, à ouvrir d’ici 2 ans avec une lotte aux agrumes. 


Chignin Bergeron « Le Grand Orgue » 2015 - (16,5) le beau rapport QP autour de 30 euros, prêt à boire, charme, finesse et multifonctions : bel apéro ou omble chevalier meunière ou crustacés ou encore une belle tomme d’alpage.

Suivis de près par :

Condrieu « Les Grandes Chailllées » 2019 Stéphane Montez - (16) à ouvrir dans deux ans avec une cuisine légèrement épicée.

Saint-Péray 2019 domaine de Lorient 2019 - (16) un vin de gastronomie, sérieux avec de la race autour de 25 euros ! Attendre aussi dans les deux ans que le vin ce dépouille un peu et que le terroir s’exprime d’avantage. Homard & beurre salé, tajine de poissons ou de légumes, sardines grillées, ..

BC